In Nomine Deus Omnipotentis

"Puisse la lumière de votre âme vous guider ; puissiez-vous voir dans vos actions la beauté de votre propre âme ; puisse le soir vous trouver gracieux et satisfait. Puissiez-vous aller dans la nuit avec une bénédiction, un abri et une protection. Que votre âme vous calme, vous console et vous reconstitue."

Certains étaient assis, d'autres debouts, la tête baissée et les mains jointes, ramonant derrière moi des prières inutiles qui, selon eux, allaient sauver leurs âmes. Des gens du peuple, d'autres un peu plus aisés, mais en aucun cas des nobles, j'avais l'habitude avec eux, c'était l'église qui venait à eux, pas eux qui venaient à l'église. Toujours la même chose, "Oh mon Père, j'ai péché, j'ai copuler avec l'un des gens de la cour", "Oh mon Père, j'ai péché, la gourmandise a envahit mes entrailles, j'ai dévorer sans tenir compte de ce que je faisais"...FOUTAISES ! Quel ramassis d'hypocrites que sont ces gens là...Les gens du peuple, eux, au moins, croient réellement avoir fait du mal. Et encore, qu'est-ce que le mal ? Je n'estime pas que passer une nuit avec une jolie demoiselle juste pour le plaisir de toucher son corps et caresser sa peau couleur pêche soit un signe du mal. Mais bon, les humains sont si crédules...

Je récitais continuellement des passages de la Bible pour bénir les croyants présents dans l'église. Ils étaient pendus à mes lèvres, j'étais comme le Christ devant leurs yeux, une véritable incarnation du Divin. Ils n'avaient pas tout à fait tord au fond, mais disons que, je ne pensais pas qu'ils puissent imaginer que dans une église, un rejetté de Dieu y fasse la Bénédiction. Oui, les gens croyaient encore que les démons avaient peur des crucifix, et que la puissance de Dieu qui émanait d'une église repoussait les êtres diaboliques. Haha, je ne sais vraiment pas ou les humains vont chercher tout ces fantasmes...

"Béni soit votre corps. Puissiez-vous réaliser que votre corps est un ami fidèle et beau de votre âme ; puissent vos sens vous permettre toujours de fêter l'univers et le mystère et les possibilités de votre présence ici. L'Eros de la terre vous bénisse."

Ils s'avançaient tous, faisant la queue comme des moutons en espérant recevoir mon Pardon, en espérant être lavés de leurs péchés. Je répétait toujours la même phrase, tenant la bible dans une main, jetant de l'eau bénite avec l'autre sur les humains qui se présentaient devant moi. Ensuite, ils faisaient un bref signe de croix, puis se retiraient. Quel ennui ! Mais c'était un ennui nécessaire pour passer inaperçu. Je ne connais pas beaucoup de monde qui auraient eu le flair pour percer à jour mon identité dissimulée sous celle du Père Nero Innocenzo, adoré de tous. Je continuais mes bénédictions, jusqu'à ce que tout les pécheurs soient passer devant moi. Après cela, l'église était totalement vide. J'étais seul dans ce grand bâtiment aux vitraux impressionants, aux statues d'idoles religieuses, à l'architecture majestueuse...Parfois, lorsque j'étais seul dans cet endroit, je n'avais qu'une envie : Détruire, brûler, écraser toute choses rappellant de près ou de loin Dieu ou Jésus, et les remplacer par des sculptures de mon être. Il y aurait eu des sacrifices, le sang y aurait coulé en abondance, des vierges auraient goûter aux plaisirs charnels avec des démons assoiffés par la Luxure. Cela aurait été magnifique, bien plus classieux que ces stupides messes.

Le silence règnait dans l'église, le seul bruit que l'on pouvait entendre, était celui de mes pas, résonnant contre les parois de pierre de l'édifice. Je faisais des aller-retours dans la grande allée centrale, là ou les gens passaient pour aller s'asseoir sur les bancs. L'allée était très grande, et un magnifique tapis rouge orné de divers symboles religieux et royaux, dorés, était sous nos pieds. Je me caressais le menton, réfléchissant intensément à tout et n'importe quoi : Ou Lucifer pouvait bien être ? Comment récupérer la Bible Profane sans se faire doubler par la suite ? Qui serait un allié de taille facilement manipulable à Venise ? Comment se rapprocher des grandes familles nobles et devenir un de leurs favoris ? BON SANG ! Mon crâne étaient prêt à exploser, tant de dilèmes me donnait mal à la tête. Satané migraine, je n'avais vraiment pas besoin de cela maintenant ! Les messes m'avaient toujours énormément fatigué, le fait de dire tant de bonnes paroles pour Dieu me débectait, à chaque fois que je lisais à voix haute une ligne de la Bible, je me retenais de vomir.

Je m'asseyais sur un des longs bancs, dos à l'entrée principale, face à la statue du Christ crucifié, que je regardais d'un air peu commode...

*Christ, sombre bâtard ! Que tu ai exister ou non, que tu sois le fils de Dieu ou non, je peux t'assurer que je te déteste vraiment, de toutes mes forces !*

[HRP : Désolé si y'a des fautes, vu l'heure ou je poste ça, je pense qu'on peut me pardonner non ? mimi

]

Le silence et un sentiment d'éternité. La basilique immense, ses fresques d'or et ses saints représentés d'une manière très orthodoxe. L'univers très fermé d'une église imposante dont la renommée avait mille fois fait le tour... Venise ignorait-elle qu'en son sein se cachait ce que d'aucuns pensaient être la lie de cette Création ? Un démon ! Un démon était prêtre en ces lieux et il se faisait nommer Nero Innocenzo. Il jouait son rôle à la perfection, récitant la bible, déclamant des sermons comme n'importe quel homme d'église ; il écoutait les confessions de pauvres pécheurs n'ayant commis de mal que celui d'être les dupes d'une si habile mascarade. Dieu devant des yeux naïfs, il devait savourer sa puissance sur autant d'âmes faibles... Mais avait-il seulement conscience du pouvoir que son statut et son habileté lui offraient ? Avait-il seulement conscience de son omnipotence sur ces créatures si débiles créées par le même démiurge que lui ? Ou bien... était-il réellement Bélial l'inutile ? Inutile... inutile de confesser ces âmes, inutile de leur promettre une place au paradis car lorsque le Jugement viendra, tous disparaîtront dans des tourbillons de souffrance. Ou du moins est-ce ainsi que l'ont juré bien des êtres en Atziluth... Ils ont seuls décidé de ce que serait le mal et le bien, de la frontière entre ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, ils sont comme tout un chacun subjectifs et n'ont aucune vraie vision de ce qu'est le monde. Nul n'en a et personne ne détient la vérité absolue, on peut même parier que Dieu lui-même l'ignore. Est-ce réellement important ? Que chacun vive selon sa propre logique... Et les ombres qui s'entrouvrent ne délivreront pas les secrets les plus noirs de ce monde. Dans la solitude de cette noire pénombre, Bélial n'est pas seul...

Une personne n'a pas quitté cette église et est restée agenouillée sur un prieur, les mains jointes et la tête baissée comme en prière. Elle n'a pas bougé depuis le début de la messe, ses lèvres sont aussi scellées que celles d'une statue : elle ne paraît même pas invoquer un dieu. C'est une femme, du moins en apparence. Une femme à la gracieuse minceur, fragile et diaphane, pas très grande : une de ces créatures qu'on a instinctivement envie de protéger. Ses longs cheveux châtains dégoulinent sur ses épaules jusqu'au bas de son dos, elle porte une robe blanche piquetée d'argent mais déchiquetée ; sa peau est plus pâle que celle d'un spectre. Blanche, de la tête aux pieds, blême comme un ciel de neige, à l'exception de sa chevelure fauve comme un vague relent d'humanité. Seul un être d'Atziluth pourra le voir, mais elle n'est pas humaine. Elle n'est rien, ou plutôt elle est tout, et peu importe. Non qu'elle soit belle, non qu'elle ait beaucoup de charme, mais lorsqu'elle est ainsi seule dans cette église immense, elle paraît irradier. Un sourire mutin se dessine sur ses lèvres et dans un geste fantômatique, elle se lève, ses ongles rayent le bois du prieur. Elle garde ses paupières closes, comme pour masquer ce regard qui est le miroir de l'âme. Elle se meut vers le prêtre, toujours les yeux fermés, sans rien renverser. Nero lui tourne le dos...

- Un être si vil que le Christ ne mérite pas ta haine, Bélial, murmure-t-elle glaciale, et pourtant si douce, oh oui si douce. Ses mains de glace se posent sur les épaules du démon, ce sont les mains d'un spectre, elle ne paraît pas même avoir d'existence réelle. La curieuse dame blanche le lâche après quelques instants et s'assied sur un banc proche, ses pieds disparaissent sous sa robe interminable. Quelques rats sont entrés dans l'église, des rats au pelage noir, aux yeux écarlates et brillants. Quelque chose flotte dans l'air, une aura sombre et méphitique, une véritable Pestilence. La femme ne cesse de sourire, elle n'en paraît nullement incommodée et les rats l'évitent... religieusement.

- Es-tu guidé par la lumière, dis, Bélial ?

[HRP : mon post est un post de m*rde, oui, je sais.]

Mon regard ne se leva même pas jusqu'au visage de la femme à ce moment là, bien qu'elle ai tenté en vain de flatter mon égo. Et comment que le Christ ne méritait pas ma haine ! Ce n'était qu'un cloporte, un être insignifiant, je pourrais lui briser la nuque d'une main. Un pseudo-enfant du Divin...J'étais bien plus un enfant du Divin que ce charlatan. Non, ce qui m'énervait, c'était de devoir le servir à cette période là. Alors que Lucifer possédait la Bible Profane, moi, j'étais là, à réciter des versets de la Bible, à bénir des mortels, à écouter leurs vies pitoyables sois-disantes pleines de péchés ! Quelle horreur...J'aurais préférer copuler avec l'un d'entre eux plutôt que des les entendre déblatérer ces imbécilités, et surtout, les voir devant moi, enfin, moi, le prêtre, à genoux, me baisant presque les pieds et les bagues que j'avais aux doigts. Je n'avais pas besoin de la compassion des humains. Je n'avais pas besoin de compassion ! Non, à vrai dire, c'était ce monde que je détestais, je détestais que le soleil me réveille le matin, je détestais entendre ces oiseaux chanter, je détestais voir ces enfants rire...JE LES DETESTAIS TOUS !

Elle était fantomatique, à la fois tellement présente, mais tellement irréelle...Elle posait ses mains sur mes épaules, et je sentais sa froideur à travers mes vêtements. Quelle étrange sensation, mêlée de méfiance et d'addiction instantanée. Je devais savoir qui était cette femme, si elle était ange, démon, esprit, ou quoi que se soit d'autre.

*Je n'ai pas besoin de cacher mon identité...Même sans que son aura soit si présente, cela ne peut pas être un hasard, cette femme ne peut pas connaître ma véritable identité ainsi, ce n'est pas un coup de chance...Je ne sais pas qui elle est, mais c'est inutile d'essayer de lui faire croire quoi que se soit. Bon sang...*

Elle s'asseya sur un banc, et des rats entrèrent. Des rats noirs, dont les yeux ressemblaient à des perles de sang. Quel délice ! J'aimais ce genre de tableaux apocalyptiques et morbides. Mes yeux s'écartèrent lentement, et un petit sourire vint se dessiner sur mon visage. Les rats l'évitait, c'était particulièrement curieux. Je ne connaissais aucun démon qui repoussait la vermine, et ne connaissait aucun ange avec une aura si sombre et étouffante. Etait-ce une illusion ? Un fruit de mon délire ? Ou était-ce Dieu qui me narguait dans sa propre demeure ? Fort possible...

Es-tu guidé par la lumière...Elle savait qui j'étais, alors elle savait probablement quel était la réponse à cette stupide question. Je me levais du banc ou j'étais assis, et marchais dans sa direction en croisant les bras. Je marchais doucement, comme si elle n'était pas là, si elle était effectivement illusion, je ne pouvais me permettre d'être surpris à parler seul, les fois étaient très mal vus à cette époque là. Alors, une fois arrivé à sa hauteur, je portais ma main gauche à mon menton, et le frottait, et lui murmurrait ainsi en toute discretion :

"Vous connaissez la réponse, puisque vous connaissez mon nom. Que me voulez-vous...?"

- Pas même un regard ? Comme tu es cruel... Bélial, murmure-t-elle dans un souffle amusé alors que le démon se perd dans sa haine à l'encontre du Christ, sa virulence contre le Divin et toute la lumière qui compose ce monde. Comme cela devait être vexant : réciter des versets de ce livre sacré alors qu'ils étaient creux et sans aucun sens, tout en sachant que la puissance absolue se trouvait peut-être si proche, à portée de main. Ce qui est Sacré est vain et ce qui est Profane... Hé bien, ce qui est Profane porte le sceau d'une toute-puissance que même Dieu n'a pu rallier à sa propre cause, n'est-ce pas ? C'est si simple... Dieu ne peut être omnipotent puisque s'il l'était, il saurait créer un rocher que nul ne peut soulever... mais s'il était tout-puissant, il pourrait soulever ce rocher auquel cas il ne serait pas tout-puissant puisqu'il est censé avoir créé un rocher que nul ne peut soulever. Cette soif de pouvoir qui habite chacune des créations de ce pseudo-Dieu est terrifiante, horrible à voir et à sentir. Comment les cieux en sont-ils venus à se déchirer, à se partager et à se détruire ? Comment des êtres à l'origine dénués de toute ambition en sont-ils arrivés à s'entretuer pour une place en haut de la hiérarchie ? Haine. Colère. Passion. Orgueil... L'orgueil d'une vie inutile, de quelqu'un qui aimerait croire qu'en dépit de la façon dont il a été créé, il est indispensable. L'orgueil est vain, mais qu'importe ? Bélial est persuadé du contraire et cette femme qui sourit ne va pas le détromper. Elle garde les yeux clos, ses longs doigts blafards et squelettiques jouent avec les mèches d'acajou. Un rat s'approche d'elle et lève le museau vers elle, comme en prière. Elle se penche vers lui, sans voir pourtant, et le caresse doucement.

- Regarde ces enfants. Tu ne trouves pas qu'ils sont beaux ? Ils portent le message du Divin... Et ne verront pourtant jamais la Lumière. Cruelle ironie, tu ne trouves pas ? demande-t-elle en se levant, un rat noir énorme entre ses mains. Une illusion ne tient pas un rat entre ses mains, ne peut vous toucher. Un Ange ? Certainement pas, car même l'Ange fou, ce Rosiel dont l'esprit a fui ou encore Samaël, rebelle à son Dieu, même Métatron dévoré par l'ambition ne dégagent pas cette aura de méphitique noirceur. Une simple humaine ? L'hypothèse est à écarter d'office, bien entendu ! A moins qu'il ne s'agît d'une humaine sorcière, à la puissance démesurée. Un démon... Un démon ? Avec cette pureté qui émane d'elle, cette blancheur intense qu'elle Est sans aucune impureté, comment cela serait-il possible ? Non... Il s'agit d'autre chose, ce n'est pas même un rêve inventé par l'esprit de Bélial. Elle ne regarde toujours pas le démon et laisse échapper le rat d'entre ses mains. Il regagne le cercle de vermine qui s'est formé autour d'elle. A chaque seconde, il en arrive de plus en plus. Le message de Dieu... porté par ces petites bêtes.

- Ce que je veux ? Humm... Quelle impolitesse. On ne t'a jamais appris la courtoisie et la galanterie ? susurre-t-elle avec un petit rire amusé. Cela ressemble à un "fufufu" léger... Elle bat des paupières, ses yeux restent invisibles, elle voit pourtant. De nouveau, elle fait face à Bélial, le cercle de rats les entoure. Elle glisse ses bras autour des épaules du démon et approche ses lèvres écarlates de son oreille.

- Si tu n'es pas guidé par la lumière, cher Bélial, alors pourquoi... Pourquoi être passé de chien divin à esclave du Porteur de Lumière ? L'Etoile du Matin... cet homme vaut-il mieux qu'un Dieu pour que tu sois devenu son allié ?

Je savais qu'elle faisait preuve de sarcasme à mon égard, mais je m'en fichais. Je m'en fichais, car au fond je savais que si je m'emportait trop, je pouvais dire Adieu au savoir de cette femme. Elle savait quelque chose que je ne savais pas, ça, j'en étais persuadé ! Et grâce à cela, elle me narguait, j'étais comme un de ces rats piégé dans sa cage, à la merci de celui qui a la clé pour ouvrir la porte de cette prison. La seule différence ici, c'est que si je voulais l'ignorer, et partir, rien ne m'en empêchait, et de toute façon, pourquoi l'aurais-je fait ? Dans une telle situation, j'étais prêt à m'allier à n'importe qui, à faire n'importe quoi pour retrouver la Bible Profane. Je voulais tout ce pouvoir ! Cet immense pouvoir, que même mon Père ne pourrait stopper. Lui aurait peut-être le don de créer des armées d'anges dont les proportions seraient démesurées, mais moi, je les détruirais, et ce, à chaque fois qu'il userait de ses pouvoirs pour ramener ses enfants à la vie. JE serais tout-puissant, JE serais omnipotent, JE serais Dieu ! Le désir de voir tout ces chiens angéliques et ces démons pathétiques à mes pieds était un désir bien trop grand, tellement grand que cette femme devait sûrement déjà l'avoir senti, l'avoir vu dans mes yeux. J'aurais fait un parfait avatar de la colère. Mais il semble que mon cortex cérébral intervenait plus dans mes décisions que mes poings.
Je regardais le rat qu'elle caressait, je le fixais intensément. Il paraît que ces bestioles sont très intelligentes. Je les aimait déjà. Enfin, je me disais qu'avec quelques mètres supplémentaires, et de plus grosses griffes, ils feraient d'affreux soldats.

"Oh, quelle cruelle destiné...J'en verserais presque une larme..."

Au final, je me rendais compte que j'observais plus les rats qui grouillaient, plutôt que la femme qui me parlait. Qu'importe de toute façon, je me fichais bien de sa présence physique, ce qui m'intérressait c'était son savoir. Mais si elle n'était ni un ange, ni un démon, comment aurait-elle pût découvrir quelque chose que moi, avatar de l'orgueil, je n'avais pas découvert avant elle ? Ou peut-être qu'elle ne savait rien ? Qu'elle ne faisait que semer le doute dans mon esprit, qu'elle était simplement, une ennemie ? Tout cela, je ne pouvais pas le savoir à ce stade de la conversation, que cela me plaise, ou non, je devais continuer à lui parler, et à faire semblant de m'intérresser à ses sotises.

"La galanterie ? Disons que les rapports avec mon Géniteur étaient...Tendus. Il n'a pas eu le temps de me dresser."

Je poursuivai ensuite, en restant immobile, et en regardant le cercle de vermines s'étendant secondes après secondes :

"Allié, c'est cela, rien de plus. Je n'allais quand même pas rester seul, tel un misanthrope ? Si ? Tu sembles me connaître, alors tu dois aussi certainnement connaître ma manière de pratiquer les choses, hum ?...Il n'y a pas d'amis dans une guerre, il n'y a que des alliés. Et puis...Je n'ai rien à voir avec cet homme. Je ne lui ai presque jamais adressé la parole d'après mes souvenirs. Toute la Géhènne sait que je ne le porte pas dans mon coeur...On peut en dire autant pour le reste de l'univers à vrai dire."

[hrp : mon post est vraiment mauvais, j'ai du mal avec ce pnj, je m'en excuse]

Rire léger et diaphane dans l’air vicié par tant de fausses prières… Le rire de la femme brise l’atmosphère, brise les espoirs, c’est un rire cassant qui retentit soudainement comme pour réduire à néant tous les symboles qui l’entourent. Tant d’orgueil, tant de désir, tant de concupiscence pour un pouvoir que nul n’est censé maîtriser ! Il est des livres qui jamais ne devraient être lus, des livres qui n’existent que pour être contemplés de loin par les êtres de cette terre. Une telle envie de détruire était concevable, et cette femme aux yeux clos paraissait bien à son aise tant une telle perspective. Oui, Bélial, détruire ces enfants divins souillés de leur propre laideur, qui ne sont pas même comparables à ta grandeur. Orgueilleux, vain, ambitieux Bélial ! Tu es si bon représentant de ton Péché, si persuadé que tout t’est dû. Parce que tu es Bélial. L’inutile. Mais cela, nul n’osera jamais te le dire… Tous ont trop peur de toi et cette femme qui caresse son rat n’a pas l’air disposée à te faire de telles révélations. Son sourire est mystérieux, toujours. Autour d’elle les rats sont de plus en plus nombreux et une odeur de mort commence à envahir l’église. Elle est si douce, cette pestilence…

- Le message du divin, poursuit-elle comme si elle n’avait pas entendu Bélial. Oui… La maladie… la faim… la mort. Le vrai message de Dieu. « Et j'ai vu qu'un des cavaliers avait ouvert un sceau, et j'ai entendu, comme si j'entendais le son du tonnerre, une des quatre bêtes qui me disait : « viens et regarde » Et j'ai vu sur un cheval blanc un cavalier qui tenait un arc. Une couronne venait de lui être accordé et il partit pour conquérir »… Elle ricana de nouveau et daigna enfin ouvrir les yeux. Des yeux dépourvus d’iris et de pupille, blancs laiteux. Ses doigts de nouveau caressent le pelage de ces rats noirs qui des siècles durant ont porté en eux la peste et ont détruit bien des vies…

- Tu veux la Bible Profane. Tu devrais savoir pourtant qui est son dernier possesseur… il a le nom des larmes et en lui l’âme de l’Etoile du Matin. Fufu… C’est si amusant de vous voir tous vous débattre dans cette toile d’araignée. Adieu, Bélial... Et fais de ton mieux…
Et soudain, tout disparut. Il n’y eut plus ni femme, ni rats, ni pestilence, rien. Juste le silence et les pierres souillées de déjections de rats.

*Elle est partie...Bon sang elle est partie !*

J'étais plein de rage, je l'avoue. Je serrais les dents, je l'avoue, je grognais de l'intérieur. Cette femme ne m'avait strictement rien apprit. Mais alors, qu'avait-elle fait ? Peut-être qu'elle était venue ici dans le seul but de m'encourager...Ses dernières paroles m'ont intrigué fortement, elle m'a dit "Adieu Bélial...Et fais de ton mieux...". Quelle créature était-elle pour me conforter dans mon envie de destruction ? Je ne le sais pas. Je pense que je ne le saurai jamais, et je m'en fiche de toute façon. Cette étrange femme ne fît que nourrir mon ambition, rien d'autre. Etait-ce son but ? C'est bien probable. Mais pourquoi ? Si je viens à détenir la Bible Profane, elle sera sûrement pas épargniée, mon châtiment sera suprême. Saccager la création de Dieu, c'est le plus grand affront que je pourrai lui faire, alors je ne compte pas faire de distinction : La mort sera omnipotente.

Mais, ce n'est pas tout...elle aborda à un moment donné, la Mort, la Maladie, la Famine...Les quatre cavaliers de l'Apocalypse...Est-ce que cela signifie que je dois m'allier à ceux qui ont les mêmes motivations que moi ? J'avais prévu d'être le seul et unique Fléau de ce monde, mais il faut croire que je vais devoir revoir mes plans, je ne pourrai définitivement pas annihiler Gaïa sans aide. Mais ce n'est qu'une supposition après tout...
La Pestilence...Très bien, j'en conclu qu'il me reste trois cavaliers à trouver...

J'étais encore seul à cette époque dans la Basilique, du moins, la seule personne à avoir autant de pouvoir au sein de cet établissement. Lorsque je m'absentais, pratiquement personne ne venait. A croire que le peuple ne venait que pour ces stupides bénédictions. Certains venaient cependant pour prier, mais ceux-là étaient les plus fanatiques. Diantre, si ils savaient que le prêtre qui les bénissait était peut-être leur futur destructeur, leur Antéchrist, je me demande quel serait leur réaction...Je paris que certains se suicideraient, fous de douleurs.

Dans ce silence mortuaire, je me levais doucement puis regardais autour de moi. Tout ce vide m'ennuyais, je n'allais arriver à rien en restant ici, à relire des extraits de la Bible aux quelques imbéciles qui pointaient encore leur nez à la Basilique. Je me dirigeais vers la sortie, avec l'intention de passer aux choses sérieuses : Ce Lacryma...Je dois le trouver, et le dépecer. On ne vole pas la place qui m'est dûe.